Le gouvernement français envisage d’introduire un statut de “repenti” spécifique pour les “nourrices” impliquées dans le trafic de drogue, dans le but de les protéger en échange de leur coopération avec les autorités. Cette proposition soulève des questions sur son efficacité et ses implications sociales et judiciaires, alimentant un débat complexe sur les stratégies de lutte contre le crime organisé.
Un statut de repenti adapté aux “nourrices”
Le gouvernement explore la possibilité de créer un statut de repenti spécifique pour les personnes, souvent des femmes isolées, qui stockent de la drogue chez elles pour le compte de trafiquants. Cette mesure vise à encourager leur collaboration avec la justice en échange de protections et d’avantages.
Le dispositif est proposé par le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, qui a récemment annoncé la création d’un parquet national spécialisé dans la lutte contre la criminalité organisée, assorti d’un “véritable statut du repenti” pour les trafiquants de drogue repentis, s’inspirant du modèle italien de lutte contre la mafia.
Ce statut offrait aux “nourrices” une nouvelle identité, une protection policière, une aide financière et des réductions de peines, sous réserve qu’elles fournissent des informations nécessaires pour démanteler les réseaux criminels.
A noter que le statut de repenti existe déjà dans le droit français. Il a été introduit par la loi Perben II du 9 mars 2004 : “le statut de repenti concerne les personnes qui, ayant participé à des activités criminelles, acceptent de coopérer avec les autorités judiciaires ou policières et obtiennent différents avantages en échange de leur collaboration.”
Cette initiative est saluée par Laure Beccuau, Procureure de Paris qui, de son côté, souhaite l’élargissement du statut du repenti aux infractions contre les personnes toujours pour inciter les criminels à coopérer avec la justice.
“Il faut permettre un statut de repenti élargi à celui qui commet des infractions, y compris aux atteintes contre les personnes, ce qui n’est pas le cas dans nos législations actuellement.” En effet aujourd’hui, le meurtre et le meurtre en bande organisé ne sont pas concernés par le statut de repenti tel qu’il existe tout comme les infractions d’assassinat et d’association de malfaiteurs.
Une mesure qui ne fait pas l’unanimité
Cette initiative suscite des débats animés. Certains la considèrent comme une solution nécessaire pour démanteler les réseaux criminels, tandis que d’autres la voient comme une approche qui néglige les facteurs sociaux et économiques sous-jacents. Certains experts soulignent que le recours à des “nourrices” est souvent le résultat de conditions sociales précaires et de pressions économiques, et que cette approche risque de stigmatiser davantage ces personnes vulnérables. Ils mettent en avant la nécessité de combiner des mesures de répression avec des initiatives de prévention et de soutien social pour s’attaquer efficacement au trafic de drogue. Par ailleurs, comment trouver l’équilibre entre coûts et avantages pour que les langues se délient ?
Le bâtonnier du barreau de Marseille, Me Mathieu Jacquier estime quant à lui que “pour avoir un repenti utile à la manifestation de la vérité, il faut penser à un échelon plus important” que celui de nourrice…