Face à la tragédie du suicide de deux adolescentes de 15 ans, sept familles françaises intentent une action en justice contre TikTok, accusant le géant des réseaux sociaux de favoriser la diffusion de contenus nocifs par son algorithme.
Rappel des faits
Le 4 novembre 2024, le Tribunal Judiciaire de Créteil a ouvert un procès historique contre le réseau sociaul TikTok, basé sur les plaintes de sept familles regroupées sous le collectif “Algos Victima“. Elles accusent la plateforme de vidéos d’avoir exposé leurs enfants à des contenus promouvant le suicide, l’automutilation et les troubles alimentaires, ce qui aurait conduit à des comportements auto-destructeurs et au suicide de deux jeunes adolescentes. Parmi les victimes, Marie, âgée de 15 ans, aurait été incitée à travers des vidéos suggérées par l’algorithme à plonger dans une spirale de détresse et d’automutilation
Éclairage juridique
L’assignation de TikTok par les sept familles repose sur la “dégradation de l’état de santé” de leurs enfants, qualifiable juridiquement comme une atteinte à l’intégrité physique et morale, s’appuyant sur la responsabilité civile délictuelle (articles 1240 et 1241 du Code civil) pour faute ou négligence. La reconnaissance de cette responsabilité nécessite de démontrer un lien de causalité direct entre l’exposition aux contenus dangereux via l’algorithme de TikTok et les préjudices subis par les jeunes victimes (suicide, automutilation, troubles alimentaires).
Les parents soutiennent que l’algorithme de TikTok, optimisé pour maximiser l’engagement, expose les mineurs à des contenus inappropriés sans contrôle suffisant. Cette faille dans la modération et la protection des jeunes serait à l’origine de la dégradation de leur santé mentale, mettant en cause la responsabilité de la plateforme pour ne pas avoir respecté son devoir de vigilance. Le collectif espère obtenir la reconnaissance juridique de cette responsabilité, pointant l’influence négative de l’algorithme sur la santé des adolescents concernés.
Ce procès survient dans un contexte de pressions croissantes sur les réseaux sociaux quant à leur impact sur la santé mentale des jeunes. En réponse, TikTok a réitéré son engagement à modérer les contenus et à améliorer ses outils de sécurité, mais reste sous le feu des critiques pour des cas similaires dans d’autres juridictions.
Rappelons que dans sa charte, TikTok s’engage à “proposer un environnement sûr et bienveillant”, “à fournir aux adolescents et aux familles des outils et des ressources pour aider chacun dans son parcours de bien-être numérique”.
Au-delà du cas judiciaire, cette affaire interroge sur la responsabilité des plateformes numériques et leur devoir de protection envers les mineurs. Si le Tribunal reconnaît la responsabilité de TikTok, cela pourrait établir un précédent majeur, redéfinissant les obligations des réseaux sociaux vis-à-vis de leur public le plus vulnérable.