En mettant un terme aux programmes de fact-checking et de modération sur Facebook et Instagram, Mark Zuckerberg affirme vouloir défendre la liberté d’expression. Ce choix controversé reflète un tournant politique et stratégique dans un contexte de forte polarisation aux États-Unis.

Retour sur les faits

Le 7 janvier 2025, Mark Zuckerberg a annoncé dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux une réforme radicale de la modération sur Facebook et Instagram. Se revendiquant défenseur d’une « véritable liberté d’expression », il a annoncé la fin des programmes de fact-checking et l’assouplissement des politiques de lutte contre les discours de haine. Ce virage s’inscrit dans un contexte marqué par l’investiture de Donald Trump à la Présidence des États-Unis et des tensions croissantes avec l’Union européenne.

Le changement de stratégie est frappant : Meta réintègre les contenus politiques, soutient des figures controversées comme Robert Kennedy Jr., et adopte un système de modération communautaire inspiré de la plateforme X (anciennement Twitter). Par ailleurs, Zuckerberg s’aligne sur une rhétorique « anti-woke », licencie 3 600 employés, et se rapproche ouvertement des idées conservatrices portées par Donald Trump.

L’éclairage juridique

Aux États-Unis : la liberté d’expression comme fondement

La décision de Zuckerberg repose sur une conception large de la liberté d’expression. Le premier amendement et le Communications Decency Act protègent les plateformes, leur laissant une grande latitude en matière de modération. Ces bases légales soutiennent le modèle du « libre marché des idées », qui privilégie la confrontation des opinions, même controversées, pour faire émerger la vérité.

Pour Meta, cette approche est également stratégique : en réduisant les contraintes de modération, l’entreprise pourrait attirer un public plus large et capitaliser sur un climat politique favorable à la dérégulation. Cependant, ce choix soulève des inquiétudes, notamment face à la montée des discours haineux ou des théories du complot sur ses plateformes.

En Europe : des exigences de responsabilité accrue

Dans l’Union européenne, la décision de Meta entre en conflit avec le règlement sur les services numériques (DSA), qui impose aux grandes plateformes des obligations strictes de modération des contenus haineux et de lutte contre la désinformation. Le non-respect de ces règles pourrait entraîner des sanctions financières, voire des restrictions d’accès au sein de l’UE.

Toutefois, une suspension des services de Meta en Europe reste hypothétique. Les procédures nécessaires pour constater des infractions graves sont complexes et longues. Cela laisse à Meta une marge de manœuvre importante pour ajuster sa stratégie tout en testant les limites des régulations européennes.

Un choc des visions

En adoptant une politique de modération minimaliste, Mark Zuckerberg redéfinit les priorités de Meta au détriment de la lutte contre la désinformation. Ce virage illustre l’influence de la Présidence Trump et préfigure une confrontation juridique entre les États-Unis et l’Union européenne. L’enjeu dépasse la question de la liberté d’expression : il s’agit d’un affrontement entre deux conceptions de la régulation numérique et de la responsabilité des plateformes.

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