Depuis trois mois, des femmes dénoncent les violences sexuelles subies en service. Le mouvement #MeToo des armées, qui gagne en ampleur, a mis en lumière des dysfonctionnements profonds au sein des forces armées. Malgré les efforts pour contenir la situation, l’institution peine à garder le contrôle sur cette vague de témoignages qui ne cesse de croître.
Rappel des faits
Le 12 avril dernier, confronté à l’ampleur des révélations, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a pris la parole de manière ferme et déterminée. Dans une tribune au Monde, il a affirmé son engagement à écouter les victimes : « Cette parole doit libérer les victimes, elle ne doit pas les condamner. » Pour évaluer les mesures en place concernant la prévention, la protection des victimes et la sanction des agresseurs, il a missionné l’inspection générale des armées, dont les conclusions sont attendues au début de l’été. Ce contexte est marqué par des cas emblématiques. Par exemple, un sous-officier du cabinet militaire de l’ex-ministre des Armées, Florence Parly, a été condamné à deux ans de prison avec sursis, le 20 juin dernier, pour harcèlement sexuel. La plaignante, âgée de 21 ans au moment des faits, a enduré des mois de harcèlement de la part de son supérieur hiérarchique, un homme de 15 ans son aîné. Ce verdict, bien que symbolique, illustre la gravité des actes commis et la nécessité d’une réponse judiciaire adéquate. Les témoignages de violences sexuelles au sein des forces armées ont mis en lumière une réalité trop longtemps ignorée. Le Ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et la secrétaire d’État aux Anciens combattants et à la Mémoire, Patricia Mirallès, ont souligné l’importance d’une tolérance zéro à l’égard des agresseurs sexuels présumés.
Que dit la loi ?
En France, la loi prévoit des sanctions sévères pour les actes de harcèlement et d’agressions sexuelles, y compris au sein des forces armées. L’article 222-33 du Code pénal définit le harcèlement sexuel comme “le fait d’imposer à une personne, de manière répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante”. Les sanctions peuvent aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende, augmentées en cas de circonstances aggravantes, comme l’abus d’autorité.
Pour les militaires, les procédures de plainte sont souvent complexes. La hiérarchie stricte et la discipline militaire peuvent dissuader les victimes de s’exprimer par peur de représailles ou des conséquences sur leur carrière. En réponse à cette problématique, des mesures spécifiques ont été mises en place, telles que la création de cellules d’écoute et de soutien au sein des forces armées. Ces structures ont pour mission d’accompagner les victimes, de recueillir leurs témoignages de manière confidentielle et de les orienter vers les services compétents.
Le Ministère des Armées a également renforcé ses actions de sensibilisation et de formation pour prévenir ces comportements. Les officiers et sous-officiers reçoivent désormais une formation spécifique sur le harcèlement et les violences sexuelles.
Le #MeToo des armées est une étape cruciale dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles au sein des forces armées. Si des progrès significatifs ont été réalisés, il reste encore beaucoup à faire pour garantir un environnement sûr et respectueux pour tous les militaires.