Pénélopegate, affaire Pénélope Fillon, affaire Fillon … voici quelques noms souvent entendus pour évoquer le procès qui se joue en ce moment même devant le Tribunal Correctionnel de Paris. Un peu occultée par la propagation du Coronavirus, cette procédure judiciaire mérite pourtant que l’on s’y intéresse de plus près. Voyons ce qui est reproché à Pénélope, François Fillon et Marc Joulaud, son suppléant.

Genèse de l’affaire Fillon

Le 25 janvier 2017, le Canard Enchaîné, dans un article intitulé “Pour Fillon, Pénélope est un bon filon”, affirme que Pénélope Fillon, employée à titre de collaboratrice parlementaire mais aussi de conseillère littéraire, occuperait des emplois fictifs depuis plusieurs années. 

Les enfants du couple sont également visés et auraient touchés plus de 80 000 € entre 2005 et 2007 comme assistants parlementaires alors que leur père était sénateur.

La somme totale de la rémunération versée entre 1998 et 2013 à la famille Fillon est estimée à 1 million d’euros par le Canard Enchaîné, qui publie plusieurs enquêtes sur le sujet.

Le jour même, le parquet national financier ouvre une enquête préliminaire pour détournements de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits.

Le 14 mars 2017, François Fillon est mis en examen pour “détournements de fonds publics”, “complicité et recel de détournements de fonds publics”, “complicité et recel d’abus de bien sociaux” et “manquements aux obligations de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique”.

Les enquêtes portent sur les emplois fictifs de Pénélope Fillon mais s’étendent au-delà : costumes de luxe offerts à l’homme politique pour plusieurs dizaines de milliers d’euros, accusations de “faux et usages de faux” et “escroquerie aggravée”, prêt financier obtenu dans des conditions très avantageuses … 

Bref, une affaire familiale de gros sous qui a conduit François Fillon à s’éloigner de la vie politique. 

Le procès se tient depuis le 24 février 2020 et ce, jusqu’au 11 mars prochain.

Affaire Fillon : la procédure

François Fillon est poursuivi pour “détournement de fonds publics” pour lequel il risque une peine maximale de dix ans de prison et de 1 million d’euros d’amende et “abus de biens sociaux” pour lequel il encourt une peine maximale de cinq ans d’emprisonnement et de 375.000 euros d’amende. 

Pénélope Fillon est poursuivie pour “complicité et recel de détournement de fonds publics” et “recel d’abus de bien sociaux”.

Marc Joulaud est poursuivi pour “détournement de fonds publics”, pour avoir employé également Pénélope Fillon alors que ses activités sont aujourd’hui jugées “fictives ou surévaluées”.

A noter que l’Assemblée nationale, est partie civile au procès et réclame aux trois prévenus une somme d’un peu plus d’un million d’euros.

Comment se défendent les protagonistes de l’affaire Fillon ?

Pour les protagonistes, la réalité et l’utilité des missions de Pénélope Fillon ne fait aucun doute. Celle-ci occupait des postes d’accompagnement, de représentation parfois dans un souci de discrétion, en adéquation avec son tempérament. Elle était l’intermédiaire entre François Fillon et les citoyens, répondait aux courriers, aidait Marc Joulaud dans son implantation locale grâce à son réseau personnel.

François Fillon et son épouse ont versé au dossier quelques 500 documents aux moyens de leur argument principal : la réalité des postes successifs occupés par Pénélope Fillon.
Pour autant, ces mails, courriers, témoignages … peinent à convaincre le tribunal.
Le tribunal dénonce même la masse des éléments déposés pour camoufler qu’en fait de travail, Pénélope Fillon n’avait en réalité que des activités tout à fait anodines dans une vie de femme au foyer.
Si la personnalité de Pénélope Fillon – fort timide, préférant l’ombre à la lumière – penche pour l’argument de l’oralité des relations de travail entre celle-ci et ses interlocuteurs, l’absence de preuves matérielles comme un badge d’accès à l’Assemblée Nationale, un bureau, une adresse mail à son nom, des notes écrites – autant d’éléments naturellement présents dans l’exercice d’un emploi quel qu’il soit – met en cause la ligne de défense des protagonistes. 

Il reste encore quelques jours à François, Pénélope Fillon et Marc Joulaud pour tenter de convaincre le tribunal ce qui semble un défi bien lourd à relever en l’état des informations que les médias nous délivrent chaque jour.

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