Début juillet, des journalistes, notamment du journal Le Monde et de Radio France, ont révélé de nombreuses informations sur l’entreprise Uber. Il en ressort qu’Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, a œuvré discrètement entre 2014 et 2016 pour aider la société de VTC à s’imposer en France alors que celle-ci introduisait une dérégulation du marché.

Les faits reprochés à Emmanuel Macron 

Lors des révélations journalistiques, une source est citée, Mark McGann, ancien lobbyiste en chef de la zone Europe, Afrique et Moyen-Orient chez Uber. 

Ce dernier explique comment l’entreprise a contourné des lois avec l’aide d’Emmanuel Macron. A plusieurs reprises, des réunions se sont tenues entre Pierre-Dimitri Gore-Coty, le directeur Europe de l’Ouest, aujourd’hui chargé d’Uber Eats; David Plouffe, l’ancien conseiller de Barack Obama, fraîchement nommé vice-président d’Uber; le fondateur et PDG de l’entreprise en personne, Travis Kalanick et Mark MacGann.

En contrepartie des aides précieuses de l’ancien ministre de l’économie, le lobyyiste l’a ensuite aidé à récolter des fonds pour sa campagne présidentielle de 2017. 

L’ubérisation du droit du travail

Le développement d’Uber en France est très mal perçu.

En 2014, la loi Thévenoud menace même de restreindre drastiquement les activités de la société, interdisant notamment son service UberPop. Uber rédige alors des amendements au texte, confiés à plusieurs députés favorables au transporteur et se lancent dans une campagne de lobbying importante.

Depuis 2009 et la création par le gouvernement de Nicolas Sarkozy du statut d’auto-entrepreneur puis de la déréglementation la même année par l’ancien Président de la République du statut de chauffeur de Véhicule de Tourisme avec Chauffeur (VTC), l’entreprise Uber s’est engouffrée dans cette brèche juridique.

Le modèle d’Uber repose sur la proposition suivante pour les chauffeurs : ces derniers sont auto-entrepreneurs, propriétaires de leurs véhicules, paient leur assurance, leur sécurité sociale, leurs congés … mais obtiennent la possibilité d’utiliser une plateforme de mise en relation avec des clients.

Ce modèle économique diminue considérablement la responsabilité sociale de l’entreprise. En contrepartie du service de mise en relation qu’elle offre aux chauffeurs, elle prélève une taxe sur toutes les transactions. Elle n’entretient aucun lien de subordination avec les chauffeurs.

On parle alors d’uberisation pour décrire ce processus de disparition du salariat (ce qui n’est pas tout à fait exact. Dans les faits, de nombreuses entreprises fonctionnant sur le même système ont vu leurs relations avec leurs collaborateurs requalifiées en contrats de travail. Il s’agit souvent de salariat déguisé).

Dans tous les pays européens visés, la technique d’implantation d’Uber fut la même : une arrivée dans le pays illégale avec l’application de règles illicites puis leur reconnaissance a posteriori.

Les documents révélés démontrent que cette action de lobbying atteint une envergure mondiale, destinée à modifier les réglementations. Aux États-Unis, Uber aurait notamment offert à certains hommes politiques une assistance dans leur campagne électorale.

Au-delà de ses manipulations pour s’implanter en France, les Uber Files montrent que l’entreprise a cherché à déjouer les enquêtes dirigées contre elle par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) en mettant en place un outil permettant de court-circuiter les ordinateurs saisis lors de perquisitions et de placer les données hors d’atteinte des enquêteurs.

Que risque Emmanuel Macron ?

Pour l’instant, hormis un affaiblissement politique et l’annonce par l’Union nationale des taxis (UNT) d’une plainte contre le Président ainsi que la demande d’une enquête parlementaire, Emmanuel Macron reste étonnamment à l’abri dans une affaire qui pourtant révèle un système qui peut être qualifié pénalement d’obstruction à la justice organisée.

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