Durant l’été, le moteur de recherche n°1 a modifié en toute discrétion ses algorithmes. Enfin, les mots « lesbienne », « femme noire », « femme asiatique » ne sont plus associés à des sites pornographiques.
Un algorithme qui renforce les clichés racistes et homophobes
Vous vous étonnez peut-être mais, en effet, avant le 18 juillet 2019, lorsque le mot “lesbienne” était renseigné dans le moteur de recherche, des sites pornographiques ressortaient de cette recherche. Tout comme les requêtes concernant les femmes non blanches de type ‘femmes noires”ou “femmes asiatiques”.
A noter en revanche, que les requêtes du type “gay” ou “homosexuel”, ou encore “homme noir” n’ont jamais renvoyé vers des sites pornographiques !
On l’espère, nous étions bien dans une situation absolument sexiste, dénoncée depuis plusieurs mois par des collectifs et individus, comme le groupement #SEOLesbienne ou la députée Danièle Obono qui avait soulevé l’incohérence des résultats de recherche en juin lors des débats sur la haine en ligne (voir notre article associé : la loi Avia contre les propos haineux sur internet).
Ces associations hasardeuses contribuaient clairement à une hyper-sexualisation des femmes non-blanches, au renforcement des clichés racistes et homophobes.
Pourtant, Google s’est toujours vanté de soutenir les combats anti-raciste et anti-homophobie.
Ainsi, durant le « mois des fiertés », Google affichait une bannière à la mémoire des émeutes de Stonewall mais pour autant, n’avait pas supprimé son algorithme. Et une fois que les internautes avaient épinglé le moteur de recherche sur cet “anomalie”, Google avait retiré la bannière … plutôt que de modifier l’algorithme. Etrange position du géant américain …
Et c’est d’ailleurs sans aucune communication sur le sujet que Google a modifié ses robots, laissant aux internautes la joie de les découvrir au hasard de leurs requêtes.
Algorithme et égalité : une utopie ?
Depuis toujours, Google a des difficultés à gérer ses algorithmes. Ceux-ci prennent en compte un grand nombre de paramètres comme la fréquence de recherche des internautes.
Là, le moteur de recherche doit biaiser ce critère pour éviter les associations malvenues.
Souvenons-nous, il y a quelques années, des requêtes qui associaient des noms d’entreprise avec le mot “arnaque” … Direct Energie en avait fait les frais et il avait fallu une procédure judiciaire contre Google Suggest pour que le nom de l’enseigne n’apparaisse plus avec son compagnon embarrassant.
En l’espèce, si les algorithmes ont bien été modifiés, il reste quelques associations douteuses comme la requête “lesbienne noire” qui renvoie toujours sur des sites pornographiques. Tout n’est encore pas parfait au pays de Google.
Lorsque la technique se fait discriminante, il y a urgence à agir mais face à des robots, les solutions les plus évidentes sont des plus difficiles à mettre en place.