Le 7 juillet dernier, onze individus ont été condamnés à des peines allant de quatre à six mois de prison avec sursis dans le cadre de l’affaire Mila.
L’occasion pour nous de revenir sur cette triste histoire qui met en danger depuis près de 2 ans, une jeune femme à peine majeure.
Affaire Mila : les faits
Le 18 janvier 2020, Mila, jeune femme de 16 ans publie une vidéo sur Instagram qui dérape assez vite sur le sujet de la religion lorsqu’elle indique avoir été insultée par un homme.
Après quelques instants de débats avec ses abonnés, elle émet une critique violente de l’Islam : “Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir”.
La vidéo devint virale très rapidement et Mila fait face à des réactions très virulentes d’individus se sentant offensés par cette phrase. Les menaces de mort et de viol ne tardèrent pas à suivre.
Le compte Instagram de Mila fut piraté, ses données personnelles diffusées sur les réseaux sociaux.
En novembre 2000, Mila reprend la parole sur TikTok pour répondre à ses détracteurs et critique à nouveau l’Islam. Un nouveau pas est franchi puisqu’elle reçoit des appels au meurtre.
La déferlante des messages fut telle et le danger étant vraiment réel que la jeune femme fut déscolarisée. Elle vit depuis complètement recluse à une adresse gardée secrète, protégée par la police 24h/24h avec impossibilité de sortir de chez elle sans craindre pour sa vie.
Ce sont plus de 100 000 messages violents émis envers Mila, tous ou presque contenant des propos sexistes ou homophobes.
Affaire Mila : la justice s’en mêle
Passons sur les prises de positions politiques qui ont accompagné et qui continuent d’accompagner Mila, chacun de sa petite phrase avec parfois pour conséquence un emballement de la situation pour nous consacrer à la place de la justice dans cette affaire.
Le 15 novembre 2020, c’est contre Mila que le parquet de Vienne ouvre une enquête pour “provocation à la haine à l’égard d’un groupe de personnes, en raison de leur appartenance à une race ou à une religion déterminée”.
Enquête classée sans suite quelques mois plus tard. Nous vous rappelons qu’en France, il est possible de critiquer, d’insulter une religion. Il est toutefois interdit d’insulter les adeptes d’une religion. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire cet article : Affaire Mila et droit au blasphème
Ainsi, le parquet reconnaît que les propos de Mila reflètent sa seule opinion personnelle.
Les enquêtes se sont poursuivies pour “menaces de mort par écrit et harcèlement électronique”. La justice a tenté de retrouver les auteurs du cyber-harcèlement dont a été victime Mila.
Fin 2020, le nouveau pôle national de lutte contre la haine en ligne (OCLCH) s’est même saisi du dossier pour centraliser les investigations menées un peu partout sur le territoire.
Ce sont 10 hommes et trois femmes, âgés entre 18 et 30 ans qui ont été interpellés.
Le 7 juillet dernier, sur ces treize personnes, onze ont été condamnés à de la prison avec sursis. Ils doivent verser chacun 1 500 euros au titre du préjudice subi par la jeune femme, ainsi que 1 000 euros pour ses frais d’avocats.
A noter que l’une des prévenue a été condamnée pour menace de mort envoyée par courriel, tandis que les autres l’ont été pour les messages postés sur Twitter.
Si les prévenus ont tous reconnu être à l’origine des messages, ils ont tous nié avoir participé à une opération d’envergure envers Mila et affirmé ignorer que celle-ci était victime d’une campagne de harcèlement en ligne particulièrement violente.
Argument difficile à entendre pour le Procureur selon lequel il était difficile d’ignorer la situation de la jeune femme, abordée par les médias régulièrement.
Il a tenu ces mots durant le procès : “Vous avez face à vous le nuancier de la bêtise et de la haine de proximité” tandis que Mila affirmait en sortant du tribunal : “On a gagné et on gagnera encore. Je ne veux plus jamais qu’on fasse culpabiliser les victimes”.